Apprentissages/Stages/Alternances
« L’apprentissage joue un rôle déterminant dans les plans de relance en France et en Allemagne »
Patrick Brandmaier, DG de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie à Paris :
« L’apprentissage joue un rôle déterminant dans les plans de relance en France et en Allemagne »
L'apprentissage est très apprécié des jeunes Allemands. Loin d'être une "voie de garage", il ouvre des perspectives professionnelles particulièrement intéressantes. A leur tour, les Français sont de plus en plus séduits par ce dispositif, qui prend une dimension plus qualifiante encore dans un cadre franco-allemand, estime Patrick Brandmaier, DG de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie à Paris.
Liaisons Sociales Europe : Vous êtes le directeur général de la Chambre Franco-allemande de Commerce et d’Industrie depuis bientôt deux ans. Quelles sont les évolutions que vous constatez sur le plan social ?
Patrick Brandmaier : Je retiens que la France a envie de se réformer et elle le fait. Je constate notamment un véritable changement par rapport à l’apprentissage et à l’enseignement professionnel, alors que ces dispositifs avaient des difficultés à s’imposer. La France s’est sans doute inspirée de l’exemple allemand, l’adaptant désormais à sa propre culture, et elle est en train de réussir son pari. Ainsi, la réforme de 2017 a donné cette souplesse et cette flexibilité qui font de l’apprentissage un outil très intéressant pour toutes les sociétés situées en France qui peuvent disposer d’une main d’œuvre qualifiée non seulement pour leurs propres organisations mais également pour l’export.
LSE: Comment sont organisés les échanges entre la France et l’Allemagne ?
P. B. : Depuis de nombreuses années, l’Allemagne est le partenaire commercial le plus important pour la France. En 2020, le commerce franco-allemand s’élevait à 147 milliards d’euros et 640 000 personnes sont employées au total, dans un marché de travail franco-allemand : 320 000 Français qui travaillent en Allemagne et autant d’Allemands qui travaillent en France. En 2020, l’Allemagne est le deuxième investisseur en France, derrière les Etats-Unis, mais le premier investisseur européen. Nos liens sont donc très étroits. La Chambre Franco-Allemande a créé un certain nombre d’initiatives pour renforcer ces échanges, comme la plateforme « Ecoles-Entreprises » qui favorise l'insertion professionnelle des jeunes et permet aux entreprises de trouver le candidat idéal. Elle propose également une formation franco-allemande en alternance au niveau Master 1 qui dure 12 mois pour l’acquisition d’une expérience professionnelle. Pourtant, on constate que de moins en moins de jeunes Français choisissent l’allemand à l’école. C’est dommage car en optant pour un parcours dans une entreprise allemande en France ou française en Allemagne, le taux de réussite est quasiment de 100 % ! Il est important de préciser que l’apprentissage ne concerne pas seulement les jeunes de 16, 17 ou 18 ans, mais également des personnes plus âgées. Avec la pandémie, de nombreux jeunes sont en difficulté et même s’ils sont déjà engagés dans des études, ils sont parfois dans l’incertitude quant à leur avenir. Une réorientation vers une expérience en apprentissage leur permettrait de trouver un emploi dans une entreprise de dimension internationale, en ayant une réelle qualification.
LSE : Certains secteurs sont-ils plus porteurs que d’autres ?
P. B. : Nous avons d’importants besoins de main d’œuvre qualifiée dans le domaine de la chimie. C’est la raison pour laquelle en 2020, la Chambre Franco-Allemande a initié une formation avec quatre entreprises allemandes un CFA de Lyon, le programme « 4Players4You ». Pour cette première promotion, 13 Français suivent en ce moment ce parcours en alternance et se destinent à devenir très performants dans ce domaine. Cette main-d’œuvre très qualifiée est grandement appréciée des entreprises allemandes. Dans un avenir proche, d’autres besoins similaires naîtront, notamment dans le secteur des machines-outils, dans les métiers de l’industrie et de l’automobile. Nous travaillons déjà avec plusieurs entreprises et des centres de formation pour mettre au point des programmes. L’expérience peut se faire indifféremment sur le sol français ou allemand. L’apprentissage est destiné à se développer entre nos deux pays car il donne une incroyable ouverture sur le plan culturel et un niveau de qualification très recherché. Avec la crise sanitaire, la question sociale de la jeunesse est posée mais elle prend également une dimension politique, puisque le président Macron a annoncé son souhait de réindustrialiser la France. L’apprentissage joue et jouera donc un rôle déterminant dans les plans de relance en France et en Allemagne !
Propos recueillis par Claire Padych
Mis à jour le 21/05/2021
La rédaction de Liaisons sociales Europe